Mon tour de manège

Publié le 19 février 2024 à 14:48

C'est bien connu, on ne choisit pas sa famille. On ne choisit pas non plus les lettres que l'on reçoit. Amandine va en recevoir une, une seule, qui va l'obliger à se demander qui elle est, ce qu'elle attend de la vie, ce qu'elle tient de ses parents, ce qu'elle espère des hommes, ce qu'elle doit à ses amies, si la couleur citrouille lui va bien, où vivent réellement les écureuils, si elle croit aux fantômes, combien de temps elle peut tenir dans l'eau glacée, ce que l'on gagne lorsqu'on passe la barre des 100 contraventions, quel est le vrai goût des croquettes pour chat, et surtout ce qu'elle est prête à endurer pour avoir une chance de se construire une vie qui lui ressemble vraiment. Une seule lettre pour choisir son destin, car elle le devine, il n'y aura pas de deuxième tour de manège.

 

De Gilles Legardinier

Paru aux Editions Flammarion le 04/10/2023

 

L'art du feel good... et ses limites

 

Une quatrième de couverture qui annonce la couleur, qui nous fait du bien avant même d’avoir lu les premières lignes. Avec sa dernière sortie, Gilles Legardinier s’impose à nouveau comme le maître des romans « feel good » en France. Mais quel est donc ce nouveau genre qui fait sa petite place dans la littérature ? Dans le domaine de la fiction, c’est une histoire au ton léger, drôle, qui fait du bien, qui parle de rêves à atteindre, d’amour et d’espoir. Avec fin heureuse obligatoire !

 

Pas manqué, Mon tour de manège fait partie de ces romans pas prise de tête qui font du bien. Mais ce n’est pas pour leur apparente simplicité que ces livres sont autant populaires ; c’est davantage parce qu’il touche à une intimité qui peut aisément faire écho chez les lecteurices. Cette intimité prend place dans une trame qui se retrouve souvent d’un livre à l’autre : une situation exceptionnelle met soudainement le personnage principal face à ellui-même, ses doutes et ses fragilités, dans une période charnière de sa vie.

 

La trame est ainsi portée par des personnages souvent hauts en couleur, plein de ressources et de courage, sans pour autant être parfaits. C’est ce qui permet d’autant plus l’identification, d’autant plus que les relations qui peuvent exister entre elleux témoignent l’importance de l’amitié, de la famille. Dans Mon tour de manège, on peut prendre l’exemple des « Patates », la très sympathique bande de copines de la protagoniste. Les autres thématiques abordées par l’auteur se retrouvent également dans cette nouvelle parution : trouver un sens à sa vie et à ses projets, en passant par diverses remises en question personnelles et professionnelles ; les rencontres, la confrontation à l’inconnu, l’amour ; j’en passe et des meilleures. Le tout est évidemment saupoudré par l’humour si cher à Gilles Legardinier – sa marque de fabrique en quelque sorte. Un humour souvent lié à un comique de situations improbables. Dans les œuvres du romancier, on reste dans une sorte de surréalité, où les possibilités qui s’offrent aux personnages sont dues à la magie de l’écriture. Chez les lecteurices, ces tournants improbables peuvent transmettre des envies de folie et surtout des crises de fous rires.

 

Venons-en à présent aux limites de plus en plus inévitables au fur et à mesure des œuvres de Gilles Legardinier. Passée l’utra récurrence des thématiques – qui peut ne pas être un défaut puisqu’elles sont liées au genre – Mon tour de manège s’inscrit malheureusement parmi les ouvrages qui frôlent le trop plein : un humour qui s’apparente à une sorte de surjeu littéraire, des moments de contemplation et de réflexion qui peuvent vite ennuyer, un parler des personnages beaucoup trop narratif. Puis vient le problème majeur, ce que l’on pourrait qualifier de « je ne suis pas sexiste, mais ». La catégorisation des genres est presque systématique chez Gilles Legardinier, au point que les clichés liés autant aux femmes qu’aux hommes dépassent de plus en plus l’acceptable. La protagoniste de Mon tour de manège n’échappe à rien de tout cela, et encore moins à son inévitable fin heureuse… dans les bras d’un homme ! Même lorsque ce n’est pas le sujet du roman, les femmes de Gilles Legardinier ne peuvent pas évidemment pas être comblée si elle ne finisse pas avec un homme. Pourtant, l’auteur est parfaitement capable de sortir du couple à tout prix lorsque le roman ne tourne pas autour d’histoires d’amour. On peut penser à Quelqu’un pour qui trembler et Complètement cramé… Mais pas de chance, les deux personnages principaux sont des hommes.

 

Ce n'est pas forcément l'avis le plus élogieux que vous puissiez lire. J'ai tout de même passer un bon moment derrière les pages de ce livre, je vous encourage à vous faire votre propre avis et à découvrir les autres œuvres de Gilles Legardinier, il y en a des très très chouettes !

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