"C’est à la lueur d’une servante sur un plateau vide, après une représentation, qu'une habilleuse, en train de ranger, se dévoile aux spectateurs qui regardent la scène depuis les coulisses. Elle improvise un récital enchanteur, célébrant son amour pour son métier à travers une performance sonore et chorégraphique, naviguant entre ombre et lumière."
(site de la compagnie)
D'après une idée originale de Carole VIGNÉ
Écriture, interprétation et costumes - Carole VIGNÉ
Collaboration artistique et chorégraphique - Sandrine SAURON
Collaboration artistique et écriture dramaturgique - Marie-Anne DENIS
Création lumière - Catherine REVERSEAU
Création musicale et régie générale - Antoine MAVEL
Régie habillage (en alternance) - Virginie LECOUTRE /
Eva KLINCOKOVA / Rozenn LAMAND
Assistante Costumes - Maelenn DESMYTTER
Voix Off - Véronique PILIA
Réalisation podcast - Delphine JOUR
13/12/2025 - Cour des Trois Coquins
Donnez la voix aux ombres
Bienvenu.es en coulisses, cet espace habituellement inconnu du public, celui que l'on entraperçoit quand des tissus dépassent, que l'on imagine quand les personnages s'y réfugient. Avec La Servante, cet espace devient le nôtre, comme une fenêtre ouverte pour laquelle nous sommes convié.es à observer un plateau de profil, laissé là après une représentation. La nuit commence tout juste, et elle est loin d'être terminée ! Voici que tout un monde s'offre à nous et se raconte, à travers les mots et le regard empli de bienveillance de Carole Vigné, habilleuse, interprète, fondatrice de la Compagnie La Fauvette.
Le spectacle commence dans l'apparence d'un.e seul.e en scène. Carole Vigné s'avance et se présente, s'apprête à nous raconter anecdotes et récits de vie, et déjà les codes se perdent. La séparation entre public et salle, réalité et spectacle, est brouillée, car la créatrice prend le parti de dévoiler la supercherie. La mise à nue est immédiate et donne le ton pour le reste du spectacle. Nous faisons ainsi la rencontre très réelle d’un métier de l’ombre, rencontre qui se fait avec beaucoup de tendresse, le tout dans un espace-temps qui semble défini.
Mais au fur et à mesure, tout se distord et s’élargit. La nuit post-représentation s’étire et devient un peu autre, un espace intemporel où se racontent les voix du passé, et les voix présentes au plateau. La parole confiée à la créatrice du spectacle est alors autre, elle aussi, tandis qu’une sorte de magie apparaît et donne vie à la lumière, cette fameuse « servante », digne représentante des temps et secrets immémoriaux du théâtre. Vie est également donnée aux tissus, dans un ballet mystérieux où les formes et les matières nous paraissent palpables. De confessions en secrets, de chants en danses, le récit et le décor changent encore, et nous voilà à demi invité.es dans l’atelier de Carole Vigné, un nouvel espace où de nouvelles voix invisibles prennent le relai – celles d’autres habilleuses. Leurs histoires semblent alors habiller le spectacle, lui apporter une nouvelle couche de tissus et de mots, qui nous emmène jusqu’à la représentation finale, où la comédienne-habilleuse-chanteuse prend enfin toute la place, dans une tenue confectionnée sur mesure et avec les moyens du bords, pour une envolée pleine de majesté et de douceur !
La magie du spectacle opère parce qu'elle est minutieusement bien construite. Le parcours de l'habilleuse et de son monde réussit à nous emporter parce qu'il est pensé et travaillé pour que chaque étape compte. On s'attache forcément à tout ce qui surgit parce que Carole Vigné nous a ouvert une porte, nous a raconté son histoire, et c'est à travers elle que l'on croit sans y penser aux autres histoires.
Avec La Servante, la compagnie signe une création fidèle à ses valeurs : allier corps, voix et musique, toucher à tous les métiers et tous les espaces du spectacle vivant, et explorer l’intimité propre au féminin. C’est une très belle réussite et un très bel hommage au métier d’habilleuse !
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