Girls, Pride and Prejudice

Une romance toute en fraîcheur

C’est ma première romance lesbienne – non c’est faux : ma première rencontre avec une romance lesbienne s’appelle Caresser le velours de Sarah Waters Malheureusement pour cette histoire qui me faisait trembler pendant ses premiers chapitres, j’ai littéralement rage quit. Le récit se déroule au XX^ème siècle, deux femmes ensemble, c’est inconcevable ; l’une d’elle en a pleinement conscience, et choisit de se marier à un homme pour sauver les apparences, au grand dam de sa compagne… Et du mien ! Voilà, aucune autre raison qu’une émotion purement subjective et irréfléchie. Peut-être donnerai-je un jour une seconde chance au roman ?

Bref. Girls, Pride and Prejudice est donc ma seconde rencontre avec une romance lesbienne. Et quel plaisir, quel rafraîchissement, quelle passion j’ai eu à dévorer les pages, attendant, guettant, tremblant jusqu’à… Mais je ne dévoilerai rien, je vous laisserai le découvrir par vous-mêmes. La fraîcheur, je pense, est une grande caractéristique de la plume de l’autrice Solène Kate. Elle nous donne à voir, tout en légèreté, un récit très contemporain, qui parle d’amour avant tout, de relations humaines. La situation que vit Tiana au début de l’histoire peut faire écho chez n’importe qui ; les conflits entre Alicia et son père sont un parcours classique dans la relation parent/enfant. Au-delà de la romance, les thématiques abordées sont intéressantes et peuvent trouver un écho chez les lecteurices.

Mais c’est bien sûr la romance qui tient le récit et qui nous donne envie de rester, de s’accrocher à la double histoire de Tiana et Alicia. Car il s’agit d’un roman à double narration : le « je » passe de Tiana à Alicia à chaque chapitre, apportant un double point de vue sur une même situation, éclairant les lecteurices sur la situation globale, faisant d’elleux des témoins omniscients de ce « fuis-moi je te suis ». On prend forcément un malin plaisir à savoir presque à l’avance les intentions de l’une ou l’autre, et d’observer leur relation : comment elles se cherchent, se séduisent, s’attirent et se repoussent sans cesse, pour revenir bien sûr.

Le roman aborde également un rapport particulier entre fiction et réalité, nous ramenant peut-être à notre position, lecteurices et rêveureuses. Les deux personnages, chacune à sa façon, alternent entre un rêve qu’elles poursuivent, et la réalité qui les rattrapent. Jusqu’à ce que les deux ne fassent plus qu’un. En ce sens, et avec l’intrigue niche centrée autour de l’écriture et l’édition, l’autrice joue avec une sorte de mise en abyme plus ou moins cachée.

Il y aurait peut-être, de mon point de vue, une légère ombre au tableau, une sensation qui est venue s’accrocher à ma lecture petit à petit, et qui est sans doute – ou entre autre – due à la double narration. Malgré le vif intérêt que je manifestais au fil des pages, il me semblait que quelque chose coinçait entre le roman et moi, comme s’il restait une ligne infranchissable entre les personnages et moi, un frein à l’identification et à une adhésion totale à l’histoire. Il me semble que, dans l’écriture, quelque nous laisse en surface de la page. Et peut-être que le changement incessant de voix narrative a joué un rôle dans mon expérience.

Néanmoins, Girls, Pride and Prejudice reste une très belle histoire d’amitié, de séduction et d’amour entre deux femmes qui se complètent, mais aussi deux femmes indépendantes qui se battent pour atteindre leurs objectifs. Une jolie recommandation !

(J'ai très envie de lire Le Trône des Héritières pour découvrir un peu plus l'autrice...)

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