
Le Slava’s Snowshow, imaginé par le clown Slava Polunin, est un spectacle ultra fantaisiste, poétique et rocambolesque, qui parcourt les scènes depuis plus de 30 ans. Il réunit sur scène une petite dizaine de clowns qui « viennent partager leurs péripéties et entraîner les spectateurices dans leurs jeux ».
Création et mise en scène : Slava Polunin
De la nuit à la neige, du rire au rêve
Quoi de plus à propos que de présenter un spectacle de clowns pendant la période des fêtes de Noël ? Entre le sapin trônant dans le hall des pas perdu, les lumières bleutées de la salle et la musique douce et un brin entraînante, la Comédie de Clermont propose dès l’installation du public une atmosphère de légèreté et de fête. Derrière les rires des enfants et l’impatience des adultes, un sifflet de train semble se faire entendre… Quel voyage nous réserve la troupe de Slava Polunin ?
Les décors, les lumières, la musique, certains accessoires (la corde par exemple), tout l’univers plastique du show est empreint d'une douceur rêveuse - qui perdure tout au long du spectacle, comme de jolis instants suspendus au cœur du délire. On ne sait jamais réellement où l'on est, ni qui sont ces clowns aux allures déformées et pataudes, enjouées et touchantes. De grands murs encadrent l'espace scénique, ou plutôt de grands paravents - là encore on ne sait pas. Flottants, tremblants, d'abord bleutés comme la nuit, puis cotonneux comme la neige : ils renforcent le rêve des clowns, leur mélancolie, leur maladresse aussi (jeux de cache-cache, apparition/disparition, file indienne). Le Slava's Snowshow est un univers profondément poétique, qui prend le temps, qui observe et s'observe avec beaucoup de douceur et de compassion.
Il y a quelque chose dans ce spectacle, qui fait que l'on ne sait pas. On ne sait pas quelle(s) histoire(s) se raconte(nt). On ne sait pas qui sont ces personnages jaunes et verts aux grands pieds et aux grands chapeaux. Des cheminots? Des clochards ? Des créatures ? Que sont-ils ? Où vont-ils ? Ils chantent, ils jouent, ils se rencontrent, ils se cherchent, ils voyagent sur la scène et dans la salle, dans nos imaginaires et jusqu'aux confins du monde. C'est en effet notre imagination qui est appelée à prendre part au voyage. Le spectacle s'étend au-delà des limites de ce que l'on voit et entend. Les spectateurices ont la part belle dans ce « Snowshow », ils sont de véritables interlocuteurices pour les clowns.
Mais ce n'est pas seulement un spectacle de l'imaginaire, mais aussi un spectacle de l'instant. Ces drôles d'énergumènes qui nous invitent dans leurs rêves ne sont pas seulement des clowns. Ils sont doubles, trompeurs, joueurs : ils sont aussi clowns rouges (l'Auguste dans la tradition de l'art). Progressivement, entre quelques blagues, quelques jeux, quelques maladresses, les voilà qui s'affranchissent de la scène et viennent chercher le rire de leurs étranges invités au voyage. Le moment de l'entracte semble le point culminant du « tout est permis » : une interminable toile d'araignée pour taquiner nos cheveux, des confettis pour décorer nos manteaux, des pistolets à eau au cas où nous aurions trop chauds. Les clowns s'en donnent à cœur de joie pour embêter tout ce petit - pour notre plus grand bonheur, ne nous en cachons pas.
Car il est tellement réjouissant de se retrouver dans une sorte de grande complicité enfantine. Plus d'âges ou de limites, l'on rit toustes à gorge déployée devant tant de joie, de douceur maladroite, de fête aussi. Et c'est avec le plus grand émerveillement que l'on finit la soirée à se renvoyer des balles toutes plus grandes et colorées les unes que les autres. Pour que le spectacle, la fête et le rêve, la vie en somme, ne s'arrêtent jamais.
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