Memory of Mankind

Publié le 26 janvier 2025 à 13:30

Un archéologue queer, un amnésique chronique et sa femme se réunissent autour du projet « Memory of Manind » porté par un archiviste à la tête d’un projet visant à transmettre la mémoire et le savoir humains aux générations futures, grâce à des tablettes en céramique.

 

Par la Compagnie Wild Minds

Avec : Jean-Philippe Uzan, Axel Ravier, Sofia Aouine et Driver

Texte et mise en scène : Marcus Lindeen

 

Conception : Marcus Lindeen et Marianne Ségol

Dramaturgie et traduction : Marianne Ségol

Musique et conception sonore : Hans Appelqvist

Scénographie : Mathieu Lorry-Dupuy

Lumière : Diane Guérin

Régie : David Marain (générale), Nicolas Brusq (son), Boris Vanovertveldt, Lison Foulou (lumières et vidéo)

 

23/01/2025 – Comédie de Clermont-Ferrand

Comment parle-t-on de notre mémoire ?

 

Voilà un sujet qui ne manque pas d’intérêt et qui semble une gageure chez beaucoup d’artistes et philosophes contemporain.es. Que restera-t-il après nous ? Comment les générations futures nous percevront nous ? Vont-elles nous juger, en bien, en mal ? Là où Le Beau Monde – que j’ai vu au Théâtre de la Croix-Rousse en début de saison – proposait une réflexion a posteriori, un spectacle mettant en scène la mémoire actuelle vue par des générations loin dans le futur, Memory of Mankind fait le chemin inverse, avec des personnages d’aujourd’hui qui réfléchissent sur la trace que l’on peut laisser. Plus qu’un spectacle, c’est une discussion philosophique qui se joue.

 

Le spectacle maîtrise son sujet sur le bout des doigts et s’empresse, pendant 1h30, de déverser tout le savoir recueilli pour défendre son propos. Les créateurices (Marcus Lindeen et Marianne Ségol) mettent en scène un débat, avec d’un côté : l’archiviste à la tête du projet et convaincu de son bien fondé – et de l’autre : deux personnes civiles confrontées à une problématique plus intime, et un archéologue queer en pleine écriture de thèse. Cette rencontre permet ainsi d’interroger cette transmission : qui participe ? Comment ? Pourquoi ? Cet archiviste est-il si légitime qu’il le croit dans sa tâche ? Quels sont les questionnements éthiques soulevés par une telle pratique ?

 

En parallèle de cette histoire, les autres personnages racontent leur propre combat. L’archéologue défend l’existence d’une vie queer tout au long de l’histoire humaine, en réinterrogeant des découvertes dans son domaine – en Égypte notamment. Il confronte les avis divergents, relevant souvent d’un contexte homophobe, ou en tout cas hétéronormé. Et puis, il y a également ce couple, dont l’homme souffre d’amnésie chronique : à tout moment, il peut perdre complètement sa mémoire. Son épouse l’accompagne, à chaque crise, dans sa reconstruction identitaire. Ces deux parcours traitent, de deux manières bien différentes, de la manipulation de la mémoire, de son construction.

 

Ainsi, le spectacle permet d’offrir aux spectateurices une nouvelle manière d’appréhender la mémoire humaine, qu’elle soit collective ou individuelle. Pour mettre en scène les personnages, la l’espace de jeu est réduit à une scène-forum, ce qui permet d’entretenir une grande proximité entre le public et les acteurices, dans une ambiance d’écoute très studieuse. Et c’est là que se trouve peut-être la limite de ce spectacle : le côté très, très studieux.Les quatre acteurices – microtés alors que l’on se retrouve à moins de 5 mètres d’elleux – récitent leur texte sur un ton qui frôle l’absence d’émotion incarnée, comme si le jeu se voulait ultra naturaliste. Sans réellement sonner faux, le texte résonne comme un exposé, certes profondément intéressant, mais pas vraiment théâtral.

 

De plus, tout est très pédagogique, parfois trop : dans les questions, les évidentes réflexions morale du projet, la construction même du texte, on dirait presque que l’on nous prend par la main sans nous laisser l’occasion de réfléchir par nous-mêmes. Et tout cela n’est pas tant une critique du propos, qui reste profondément intéressant, qu’une interrogation sur la forme choisie, qui s’apparente plus à un podcast en live qu’à du théâtre documentaire, expérimental ou non.

 

Transforme est un festival itinérant dédié aux gestes artistiques novateurs dans le domaine des arts de la scène initié par la Fondation d’entreprise Hermès en partenariat avec 4 théâtres. Retrouvez plus d'informations ci-dessous :

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